Une fable, pour garder de l'espoir
En octobre 1998, Robert Benigni, véritable « clown » italien (qui, pour la petite histoire, a commencé dès 20 ans des démonstrations de tours de magie) sort un film réellement inattendu de sa part.
La vie est belle – La vita e bella est classé tout de suite dans deux catégories radicalement opposées mais toujours tellement couplées : comédie et drame. Dans tous les cas, les avis sont unanimes concernant l’appellation de Fable.
Le film se décompose en effet naturellement en deux parties, suivant l’avancé d’une famille juive dans l'Italie des années 40, heureuse puis bouleversée par l’apparition des lois antisémites.
La première relate les efforts mis en scène par le génialissime acteur / réalisateur pour séduire sa« principessa » (princesse), Dora (Nicoletta Braschi, sa femme dans la vrai vie). Là sont alors exploitées
toutes les mimiques, gestuelles et baratinages du charme italien, dans lesquelles Benigni excelle plus que quiconque.
Mais le côté dramatique amène aussi de légères ombres à la comédie romantique faisant apparaître les barrières du régime, par les difficultés rencontrées par Guido pour monter sa librairie ainsi que, plus symboliquement, par le personnage du fiancé initialement prévu pour la belle Dora par sa famille hyper conservatrice.
Puis les offenses directes arrivent, sur lesquelles Guido rebondi avec humour et provocation.
On ne peut plus passer à côté de cette réalité, et la venue de la déportation est aussi brutale que douloureuse car cet amoureux est juif, et son fils né de cette union l’est par conséquent aussi.
La déportation marque la preuve de l’amour de Dora pour son prince, qui rejoint le camp volontairement. Amour que celui-ci ne fera que renforcer par des gestes des plus simples mais tellement risqués et inattendus dans cette situation. Puisant son courage dans l’attente désespérée de reprendre sa vie normale, Guido garde sa bonne humeur incessante et transforme admirablement la monstruosité de la vie dans les camps en un jeu de centre pour enfants, cadeau d'anniversaire pour son fils.
Le petit Josué n’a plus qu’à réussir les épreuves de cache-cache et de devinettes pour récolter le plus de points possible - et continuer à survivre.
Comment trouver de la joie, prouver son amour à tous moments, lorsque la mort a déjà bien grignoté la force physique et mentale de l'homme ?
Une femme, une épouse, une mère qui décide de suivre sa famille dans ce chemin fatal, et un petit garçon s'appliquant tant bien que mal à suivre les fausses règles farfelues de "ceux qui crient" et paradoxalement un "bon ami", ancienne connaissance, un médecin nazis. Voilà où Guido trouve son inspiration, sa volonté, et à force de tallent indestructible, transforme la réalité et ranime l'espoir.
Finalement, peut-être que lorsque toutes les espérances sont perdus, survire devient plus aisé en imaginant la vie sous l’angle d’un jeu, avec l’innocence d’un enfant.
On attend alors avec un besoin inconscient la venue du grand cadeau final, marquant la fin de la partie : le vrai beau char d’assaut, transporteur d’espoir et de vie.